La plante et ses sens – Daniel Chamovitz

La plante et ses sens – Daniel Chamovitz

De nombreux livres « surfent » sur la vague de succès du livre de Peter Wohlleben « La vie secrète des arbres »  lancé début 2017, et le rayon nature des librairies généraliste est actuellement bien rempli de livres sur les sens « extraordinaires » des arbres et des oiseaux.

Avant cela, les publications sur ce thème étaient plus rares, et cependant plus variées, puisqu’elles s’intéressaient à toutes sortes de végétaux. Il est intéressant, lorsqu’on en lit plusieurs dans la foulée, de voir les progrès rapides des découvertes des scientifiques sur ce sujet.
Cependant, ils ont souvent en commun de rester sur une approche anthropomorphique, partant des sens humains pour éclairer les sens correspondants chez les végétaux. Heureusement, parfois, d’autres capacités que nous n’avons pas  sont mises en lumière, notamment dans les domaines de la résilience et de la multiplication.

Ainsi, ce livre qui dresse l’état de l’art des connaissances dans les équivalences de la vue, de l’odorat, du toucher et de l’ouïe des plantes, couvre aussi leurs capacités d’orientation, de mémoire, et même de conscience, et c’est vraiment surprenant et intéressant.
Chamovitz nous explique clairement comment les plantes arrivent –plus ou moins- aux mêmes résultats que nous dans le domaine de la perception de leur environnement et dans celui de la communication,  mais par des moyens évidemment différents des nôtres.

Un seul bémol, dans ce livre, heureusement, à la fin, car il est de taille, et porte à s’interroger sur la crédibilité de l’auteur :
Après nous avoir donné toutes les preuves convaincantes de l’acuité sensorielle des plantes, Chamovitz nous dit « qu’elle a beau voir, sentir et toucher, une plante ne peut pourtant pas plus souffrir de la douleur qu’un ordinateur avec un disque dur défaillant ».
Pour lui, aucune contradiction entre le fait d’affirmer qu’ »une plante sent quand une de ses feuilles a été perforée par les mandibules d’un insecte ; elle sait quand elle brûle dans un feu de forêt, quand elle manque d’eau durant une sécheresse. Mais elle ne souffre pas ».
Il en est convaincu « puisque souffrir de douleur nécessite des structures neuronales d’une grande complexité qu’on ne retrouve que chez les vertébrés supérieurs, il est donc évident que les plantes ne souffrent pas : elles n’ont même pas de cerveau ».

Là, après avoir trouvé ce livre passionnant, j’ai  été très déçue par son manque de logique.
D’une part, s’il reconnait que les plantes aboutissent aux mêmes résultats sensoriels que les vertébrés, mais par des moyens différents, sans cerveau, pourquoi la sensation de douleur ferait-elle exception à ces moyens, et à cette logique ?
D’autre part, il ne peut être ignorant que la capacité de sentir la douleur est une des fonctions de base du vivant,  afin qu’il réagisse vite en cas d’attaque, et que cette capacité, tous les organismes vivants sains,  même les vers de terre qui n’ont pas de cerveau, l’ont. Elle permet les réflexes de fuite, de riposte, de génération de poisons etc, sans même la perte de temps d’un passage par le cerveau.
A ce stade, je me suis demandée qui  (les agriculteurs intensifs en Israël ?) ou quelles convictions (religieuses ?)  Chamovitz cherche-t-il à protéger avec ce « décrochage ». Je lui ai donc envoyé un mail pour le lui demander.

J’attends encore sa réponse…

Ed Buchet Castel – ISBN 978-2-283-02718-9 Prix de lancement en 2014 17€

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