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Dans leur ouvrage intitulé Le Fil de la vie : La face immatérielle du vivant, publié en 2016, Jean-Louis Dessalles, Cédric Gaucherel et Pierre-Henri Gouyon proposent une approche originale pour comprendre le vivant. Ce livre allie des concepts issus des sciences naturelles, des mathématiques et de la philosophie pour étudier des aspects souvent négligés de ce qui définit la vie. Grâce à une écriture accessible et des exemples bien choisis, il invite ses lecteurs à élargir leur vision sur les processus fondamentaux du vivant.
Une collaboration interdisciplinaire
Ce qui rend cet ouvrage particulièrement intéressant est la richesse de ses contributions issues de différents domaines. Jean-Louis Dessalles, expert en sciences cognitives, s’intéresse aux mécanismes complexes de communication. Cédric Gaucherel, écologue et modélisateur, apporte une compréhension fine des interactions dans les écosystèmes. Enfin, Pierre-Henri Gouyon, biologiste, offre des perspectives évolutives sur la manière dont les formes vivantes s’organisent et interagissent.
Le croisement de ces disciplines permet d’aborder des questions telles que : comment une simple cellule parvient-elle à coordonner des milliards de réactions chimiques ? Qu’est-ce qui distingue les systèmes vivants des machines ? Ces interrogations, abordées avec une rigueur scientifique, ouvrent des perspectives fascinantes pour mieux comprendre la complexité du vivant.
Les grandes thématiques du livre
- L’immatériel et l’information : Le rôle central des informations échangées entre les différentes parties d’un organisme ou d’un écosystème.
- La dynamique des systèmes vivants : Les auteurs explorent les processus qui maintiennent un équilibre fragile entre stabilité et changement.
- L’originalité des formes : Une réflexion approfondie sur la diversité des structures dans la nature et leur finalité apparente.
Un contenu accessible grâce à des outils pédagogiques
Les auteurs ont pris soin d’accompagner leurs explications de schémas, de métaphores et d’illustrations pour faciliter la compréhension des notions complexes. Par exemple, un chapitre entier est dédié à la comparaison entre les flux d’information dans les organismes vivants et ceux dans les réseaux informatiques. Cette analogie permet de mieux saisir l’importance des mécanismes de transmission d’information dans la régulation des systèmes vivants.
Un autre point fort de cet ouvrage est l’intégration d’exemples concrets. Les interactions entre les arbres d’une forêt, la coopération entre les cellules d’un organisme ou encore les stratégies de survie des espèces illustrent clairement les idées abordées. Ces exemples permettent de rendre le contenu moins abstrait et plus proche des préoccupations quotidiennes.
Exemple : Un tableau des processus vivants
Processus | Description | Exemple |
---|---|---|
Coordination | Les différentes parties d’un organisme travaillent ensemble pour maintenir un équilibre. | Le système nerveux chez les mammifères. |
Adaptation | Capacité d’un système vivant à répondre aux changements de son environnement. | Les variations de couleur des caméléons. |
Transfert d’information | Transmission de signaux entre les cellules ou les organismes. | Les phéromones chez les insectes sociaux. |
Pourquoi lire cet ouvrage ?
Le Fil de la vie s’adresse à tous ceux qui souhaitent mieux comprendre la complexité des systèmes vivants. Sans se limiter aux aspects visibles ou matériels, les auteurs mettent en lumière des concepts souvent négligés, mais essentiels pour appréhender les mécanismes qui sous-tendent la vie. C’est une véritable invitation à réfléchir sur ce qui fait du vivant un phénomène si singulier dans l’univers.
Ecouter Pierre-Henri Gouyon en parler sur France Culture m’a donné envie de lire le livre. En fait, au début, navigant dans les méandres de la génétique, je n’y retrouvais pas ce « fil « si intrigant…
Et même, ne partageant pas sa conviction « qu’une information n’existe que si elle est lue », car mon passé informatique, où l’on a l’habitude de distinguer information, code, langage et signe, et d’admettre, comme pour les runes nordiques ou les hiéroglyphes, qu’une information existe même si on ne sait pas, ou plus, ou pas encore, la lire ou la décrypter, m’ont plutôt prouvé le contraire. J’ai donc eu des difficultés à avaler la première moitié de ce livre.
Heureusement, la seconde partie, très différente, a récompensé ma patience :
J’y ai trouvé le fameux fil, très intéressant.
Là, par exemple : »Nous avons à maintes reprises attiré l’attention sur le fait que la nature manipule des informations, sur le fait que des informations traversent les générations, sur le fait que les informations de la nature, à défaut d’être des êtres, peuvent être regardées comme « vivantes ». Si informations il y a, si ces informations sont « lues », peut-on aller jusqu’à parler de langage ? »
On y lit aussi des considérations qui interpellent, sur l’épigénétique. Bien sûr que moi aussi je m’interroge, sachant que l’unanimité n’est pas encore faite là-dessus, ce qu’il en est de l’effet de ces gènes qui « vivent leur vie » et transmettent des informations de génération en génération, en dehors des jolies spirales génétiques prédictibles. Pas vous ?
Et encore : « Il y a trente millénaires, l’espèce Neandertal disparaissait. Tous les individus de cette branche du genre Homo ont disparu, il ne reste que quelques os. Pourtant, une bonne partie de l’information génétique hébergée par cette espèce a survécu. Elle continue à vivre, disséminée dans les génomes de populations humaines actuelles. Ce qui survit en certains d’entre nous est de nature informationnelle « …
L’information vivante, l’information-vie, toute une vision du monde à lire !
Ed Odile Jacob – ISBN 978-2-7381-3395-3 Prix de lancement en 2016 24,90 €